Doucement, sans même s'en apercevoir, la France glisse vers sa perte. La tragédie économique dans laquelle nous sommes enfermés mériterait courage et détermination pour résorber la dette et les déficits, condition première du retour de notre indépendance nationale, pour libérer le travail et l'initiative, pour renouer avec la compétitivité de nos entreprises et l'attractivité de notre pays. Cela supposerait une politique volontariste méprisante de tout clientélisme, une politique de la mâchoire serrée. Au lieu de cela, la France chipote et se perd dans des plans fumeux et bouillardeux de redressement illusoire des comptes publics, envisageant 50 milliards d'économie là où il en faudrait le double, espérant en la divine surprise d'un retour mécanique de la croissance, fuyant la nécessaire rigueur, s'interdisant les réformes structurelles indispensables et procrastinant à l'infini. La présence de plusieurs centaines de jeunes djihadistes réputés français en Syrie, formés au combat et au terrorisme, dont une grande partie reviendra sur le sol français fait peser sur notre territoire une menace sans précédent. La contrer supposerait une politique de fermeté absolue utilisant tous les ressorts de l'autorité de l'Etat, des forces de sécurité et de renseignement, de la Justice, y compris par de lois nouvelles tendant à la déchéance de la nationalité française. La montée de l'insécurité, de l'incivisme et de la délinquance, la sécession de fait de pans entiers de notre territoire dans les cités, le tout aggravé par la mondialisation des échanges, par les phénomènes migratoires de masse et par la dégradation de notre morale publique, placent nos villes, nos banlieues et nos campagnes en situation permanente de danger extrême. Eradiquer cette menace supposerait une volonté sans faille de l'Etat et des moyens nouveaux consentis aux forces de l'ordre et aux tribunaux. Au lieu de cela, la France s'égare dans un juridisme mortel, laissant à ceux qui, par fanatisme religieux, par instinct barbare ou par attrait du lucre, détruisent peu à peu les fondements de notre société. Les mutations géopolitiques planétaires, en Asie, en Afrique, mais aussi sur notre continent, créent les conditions d'une instabilité nouvelle. Y faire face supposerait une prise de conscience forte des nations européennes et occidentales de leur dépendance énergétique, de leur faiblesse morale et de leur abandon militaire. Une prise de conscience suffisamment forte pour que s'impose enfin aux gouvernants et aux peuples de notre vieux continent la constitution des Etats libres d'Europe, unis dans un même souci de puissance retrouvée dans l'équilibre humaniste qui doit être la marque de notre civilisation. Au lieu de cela, la France réduit encore et encore ses capacités de Défense, s'enferme dans des débats caricaturaux et inutiles, s'englue dans des petits jeux stériles comme le montre l'inanité de la campagne actuelle des élections européennes, et privilégie les petites astuces politiciennes, là où devrait seul compter l'intérêt national et l'exigence concrète et vitale d'un édifice européen et occidental capable d'assurer le leadership civilisationnel. La France se regarde mourir. Seul un sursaut peut encore changer le cours des choses.
Jean-François Touzé Président des Nouveaux Républicains