C’est la lumineuse idée de Fabienne
Keller, ex-maire de Strasbourg et sénatrice UMP, chargée par la délégation sénatoriale à la prospective de remettre un rapport sur « l’avenir des années collèges dans les quartiers
sensibles ».
Décidément, il y a de moins en moins de différences entre le PS et l’UMP : « en avant toute pour
le communautarisme » semble être le mot d’ordre de nos deux partis (malgré leur fébrilité devant les thèmes porteurs que sont l’islamisation et l’immigration, préoccupations des Français
reprises, à leur grand dam, par Marine le Pen), écartelés entre leur souci de se rallier les votes de quelques millions de musulmans et… de ne pas perdre ceux de plusieurs millions de Français
attachés à la laïcité et à la République.
A cela s’ajoute un défaut de jugeote (à moins qu’il ne s’agisse d’œillères ?). En effet la dame
Keller reconnaît que les jeunes de la deuxième et troisième génération « n’arrivent pas totalement à acquérir la culture du pays où ils sont nés, la France » (et où vivent leurs
parents et parfois leurs grands-parents depuis des dizaines d’années…) ni à « se référer à une culture qui n’est pas la leur, celle
du pays de leurs parents et grands-parents ».
La question fondamentale est celle-ci : « Pourquoi les jeunes n’arrivent-ils pas totalement à
acquérir la culture du pays où ils sont nés ? »
Et si on parlait de repli communautariste ? Et si on parlait de la haine de la France véhiculée par
certains imams, dans un certain nombre de mosquées ? Et si on parlait du Parti des Indigènes de la République qui patronne un livre s’intitulant Nique la France ? Et si on
parlait de ces milliers de drapeaux algériens déferlant sur les Champs Elysées les soirs de match, alors que l’Algérie n’est même pas vainqueur ? Et si on parlait des
revendications religieuses dans les écoles ou les cantines devant lesquelles les politiques se mettent à plat ventre ? Et si on parlait des cours de « langue des pays d’origine »
proposés dans les centres sociaux et même dans les écoles ? Et si on parlait des mères voilées qui accompagnent les sorties scolaires ? Et si on parlait des séances de découverte de
la cuisine et des traditions maghrébines ou d’Afrique subsaharienne qui font l’objet de projets scolaires ? Et si on parlait de ces musulmans qui
parlent des femmes sans voile en terme orduriers et amènent leurs enfants à haïr notre culture, nos valeurs et nos traditions ?
Vous en conviendrez, Madame Keller avait un boulevard devant elle et avait de quoi pondre un rapport épais
avec la liste des mesures à prendre pour éviter le repli communautariste et faciliter l’assimilation de tous –nous avons pas mal d’idées, si elle est preneuse, la toute première serait
d’ailleurs de demander aux politiques d’appliquer et de faire appliquer la loi de 1905 - ce qui serait la seule façon de résoudre les problèmes d’identité et de permettre le vivre ensemble.
Eh bien non, cette solution, pour l’ex-maire de Strasbourg, serait sans doute trop simple ou
dérangeante pour la bien pensance…
Non, il est bien préférable de fabriquer un nouveau manuel scolaire franco-africain ! Qui dira un
jour la manipulation que subissent nos jeunes esprits, d’ici et d’ailleurs, à cause du masochisme de quelques pédagogistes, de quelques sociologues nombrilistes croyant
détenir la vérité sur le monde et de politiques complices de ceux qui détruisent l’Etat-nation pour le remplacer, sciemment, par une société multiculturaliste ?
Ils nous avaient déjà fait disparaître Louis XIV et Napoléon pour les remplacer par l’étude de
l’esclavage, de la décolonisation et des empires africains ; il semble que cela ne soit pas suffisant et qu’il faille mettre dans la tête des petits Français comme dans celle des
descendants des petits Africains que notre passé est commun, que nos héros fondateurs sont les mêmes et que nous avons la même conception du
monde…
Questions fondamentales s’il en fut. Fabienne Keller est nulle. Nulle en psychologie
enfantine. Nulle en géo-politique. Nulle en didactique. Et nullissime en ce qui concerne l’histoire de France.
Non, Madame Keller, l’histoire de France ne peut être réduite à celle où elle a croisé celle de l’Afrique.
Non, Madame Keller, l’histoire de France ne peut être instrumentalisée dans un but idéologique : « légitimer la présence des jeunes descendants d’immigrés en
France ». Figurez-vous, Madame Keller, que personne n’a jamais eu l’idée saugrenue de faire un manuel franco-italien, un manuel franco-espagnol ou un manuel
franco-portugais pour légitimer la présence des petits descendants d’Italiens, d’Espagnols ou de Portugais. Parce que leur existence même en montrait la légitimité, eux qui se fondaient dans la
communauté, eux dont les parents mettaient un point d’honneur à parler français, même à la maison, pour favoriser la réussite scolaire de leurs enfants, eux qui étaient ravis
de pratiquer l’exogamie avec des Français de plusieurs générations, eux qui donnaient à leurs enfants des prénoms français et trouvaient plus normal que leurs enfants admirent Hugo, Jaurès ou
De Gaulle que Mussolini, Franco ou Salazar, honnis, et qui avaient poussé leurs parents à fuir leur terre natale. Justement, c’est à cause de leur mémoire que ces jeunes-là voulaient devenir
français, voulaient être français, pour bénéficier de ce que la France a toujours eu de meilleur : la liberté de conscience, la liberté d’expression, la liberté de pensée.
Non, Madame Keller, considérer que l’histoire de France est celle de la guerre d’Algérie, de la
décolonisation et des vagues d’immigration n’est ni un objectif ni un service à rendre à nos jeunes. Que voulez-vous ? Que tous les jeunes, quelle que soit leur origine,
détestent la France et les Français, se détestent eux-mêmes et passent leur vie à genoux devant les nouveaux occupants en battant leur coulpe pour d’imaginaires
responsabilités ?
Madame Keller, nos jeunes, quels qu’ils soient, quelle que soit leur origine, ont besoin de repères
spatio-temporels qui prennent leur racine dans le passé lointain (et il appartient aux parents d’origine africaine qui le souhaitent de bercer leurs rejetons de vieux contes berbères ou
yéménites qui diront mieux que tout l’Afrique et leurs propres origines à ces derniers, tout en les aidant à se constituer, à devenir riches d’amour et de curiosité) mais ils ont, plus que tout
et plus que tous, besoin de s’approprier le pays où ils vivent en en connaissant les héros fondateurs, en connaissant leurs faits d’armes. Est-ce un hasard si les Grecs, ces pédagogues dans
l’âme, faisaient apprendre à lire à leurs jeunes dans l’Iliade et l’Odyssée et non dans les discours des hommes politiques contemporains ?
Il faut de la distance et du rêve pour grandir… La meilleure légitimité à donner à nos jeunes de la
deuxième ou troisième génération, c’est de leur faire prendre conscience qu’en vivant en France ils échappent aux dictatures, à la faim, à la maladie, à l’oppression politico-religieuse et
qu’ils font partie d’une communauté de citoyens, d’une nation, dont on n’a pas à rougir parce qu’elle a apporté au monde l’universalisme, l’esprit des lois et la révolution de
1789.
Simple question Madame Keller : pourquoi y a-t-il tant de gens qui font des pieds et des mains pour
venir vivre en France ? Pour y cultiver la nostalgie de ce qu’ils fuient et espérer avoir emporté sous leurs semelles un Eldorado à reconstituer chez nous ?
Oui, chez nous, Madame Keller, nous sommes chez nous et nous ne vous laisserons pas détruire la France que
nous aimons. Parce que, figurez-vous, nous voulons, nous aussi, avoir l’impression d’être chez nous en apprenant notre histoire, rien que notre histoire. Et votre proposition est une injure
faite à la France et à tous les Français.
Puisse-t-elle n’être reprise par aucun politique !!!!