~~ Paris, le 1er septembre ADVERTISEMENT Sire, Souffrez qu'une fois encore l'on vous mande que vous ne parviendrez plus à reconquérir le coeur de vos sujets. Et qu'il vous faut dès à présent vous préparer au pire. Pourtant, vous avez cru enfin prendre les mesures qui s'imposaient. Sire, vous avez épuisé, ou peu s'en faut, la moitié du temps de votre judicature. Le temps, votre ennemi juré, vous a filé entre les doigts. Vous voici beau de tonner, d'implorer, de supplier, d'enjoindre, de prier: c'est trop tard, Sire, c'est plié, râpé, cuit. En un mot en cent, vous êtes foutu. Vous avez laissé croire que les Journées de la Rochelle, le Festival de Cannes des sans culottes, seraient prétexte à clarifications, explications et même engueulades: la routine en somme dans un parti habité par ses irrémissibles manies groupusculaires. Depuis plus de quarante ans, il ne s'est jamais passé échéance sans que l'on s'y crêpât le chignon: vous avez sans doute conservé de cuisants souvenirs des congrès de Metz, de Rennes et de Reims. Cette fois pourtant, les sans culottes sont au bord du schisme, et le comte Valls, qui feint s'éprendre des entrepreneurs tout comme des sans culottes qu'il s'apprête à trahir, n'en pourra mais. L'échéance cruciale, à laquelle l'on ne pense guère dans le moment, sera celle du vote du budget du royaume. Les frondeurs, ainsi qu'ils se nomment, vous attendent au tournant: l'élévation de Monsieur de Macron, un ancien banquier, leur reste en travers la gorge, telle une arête de brochet. Ces damnés frondeurs, couvés comme poussins par la baronne Taubira et la duchesse Martine de Flandre, auront-ils votre peau? Vous cloueront-ils, écorché vif, sur la porte d'une grange? Que pouvez-vous à présent ourdir pour déjouer un si funeste sort? Eh bien, Sire, daignez accueillir par le mépris mon effronterie en vous prédisant un bien funeste destin. Vos sujets, et même vos proches, se défient de vous, Sire. Monsieur de Bartolone mordille vos mollets, tel un roquet mal dressé. Lorsque l'on lui pose la question de savoir qui des sans culottes briguera la couronne le temps venu, Monsieur de Cambadélices, que vous n'aimez guère et qui vous le rend bien, répond qu'il ne sait pas: il vous enterre vivant, le cuistre. Par le Ciel, Sire, cessez donc de vous cacher derrière votre petit doigt: croyez-vous un instant que le comte Valls vous tirera des Enfers? Vous seriez alors bien naïf. Il vous y fera rôtir ad aeternam. Voyez comme il plastronne, tel un matamore, voyez comme il claironne, tonne et s'époumone de sa belle voix de baryton. Sa taille bien prise, sa prestance, sa sveltesse, son port décidé offrent un contraste saisissant lorsque l'on vous voit, dans la foulée, tendre la sébile aux argentiers de Bruxelles qui vous méprisent au point de préférer le royaume de Matteo Renzi au vôtre pour leur prochain conclave. Que d'humiliations, que d'averses, que de dégelées, que de revers, que d'échecs! Sire, vous voici, pour l'heure, sur les marches du Golgotha de la confession, de l'expiation de vos péchés, de vos trahisons, de vos reniements. Vous avez bafoué, trahi la confiance de vos affidés: vous n'êtes pas le premier. L'on pourrait presque évoquer cette pernicieuse habitude de vos commensaux: Jacques le Hardi passa même pour un orfèvre en la matière. Mais il plaisait, lui: et savait séduire le coeur des femmes avec un talent consommé. Vous avez promis la lune et soixante quinze centimes: l'on n'a vu ni lune ni centimes, tout au contraire. Vous avez déclaré la guerre aux banquiers et financiers: mais vous ne fûtes point Philippe le Bel qui les fit pendre pour éponger ses découverts. Pis, vous venez de placer un banquier sur la case "trésor" de votre petit Monopoly, signant ainsi les prémices de votre abdication. L'on ne vous écoute plus, dans le meilleur des cas. L'on vous moque, vous conspue, vous siffle, vous brocarde, vous raille tel un acteur un peu fané qui s'accroche à la scène. Subirez-vous le destin d'un autre bricoleur, votre pauvre ancêtre Louis XVI? Quoique que fassiez, tricotiez, mandiez, décidiez, vous brisez tout ce que vous touchez. Mais ce loisir ne vous appartient plus: le comte Valls et le jeune Monsieur de Macron vous ont chipé vos jouets: sceptre et couronne sont entre leurs mains et ils n'entendent point les lâcher de sitôt. Sauf si votre majorité, trouée telle une galette de sarrasin, décide de ne point voter le budget, ainsi que vous devez le craindre. Il va falloir, une fois encore, se résoudre à négocier, consentir, accorder, atermoyer, mégoter, chipoter, pour tenter de convaincre vos propres séides de céder aux sirènes d'une unité qui ne leur apportera que des nèfles. Et ce ne sera point du gâteau. Car ils sont, dans le moment, bien décidés à vous faire baver des ronds de chapeau, voire même à vous déboulonner, telle la statue d'un tyran renversé par la foule. Certes, certes, Sire, vous pouvez toujours dissoudre la Chambre basse. Après avoir perdu la Chambre haute à la fin de ce mois, vous perdrez à coup sûr, la majorité à la Chambre basse. Il vous faudra alors composer avec des gens qui vous seront hostiles au point d'entraver toutes vos actions et décisions. Vous compterez alors pour des prunes. Mais n'est-ce déjà point le cas? En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/hollande-34-la-fin-c-est-maintenant-